Les champignons hallucinogènes sont devenus très populaires dernièrement grâce à leur culture en intérieur. De nombreux sites permettent l’achat de kits de culture déjà faits : le cultivateur n’a plus qu’à surveiller les conditions de pousse puis les récolter. On peut également s’y procurer des souches de champignons hallucinogènes afin de faire sa propre culture.
Néanmoins, le premier moyen d’obtenir des champignons est de les récolter dans leur milieu naturel. Bien que ce soit aussi illégal dans la majorité des pays, bon nombre de consommateurs favorisent ce mode de récolte, notamment pour son aspect ludique et peu couteux.
Que ce soit dans son milieu naturel ou dans une culture artificielle, la bouse de vache peut s’avérer être un excellent ajout nutritif pour la culture de champignons hallucinogènes. Il peut être aussi utiliser dans certains kits, notamment pour les Panaeolus Cyanescens.
Growkit Panaeolus Cyanescens Copelandia
Mycotrop SpawnBag Panaeolus Cyanescens Copelandia :
Pourquoi la bouse de vache ?
La bouse d’animaux est un engrais naturel qui est utilisé pour fertiliser les sols : de nombreux insectes et micro-organismes s’en servent de nourriture. Les insectes permettent l’intégration des excréments dans le sol. La bouse de vache est donc un élément important de la vie des écosystèmes.
De plus, les excréments de vache peuvent aussi servir au transport et à la dispersion de graines, tout en leur donnant un terreau fertile. Son côté nutritif en fait un bon support pour la culture de champignon, mais aussi pour d’autres types de végétaux et de moisissures.
Où trouver de la bouse de vache ?
Elle se trouve généralement dans les plaines : ce sont là que les vaches sont laissées pour pâturer. En moyenne, une seule d’entre elle peut produire jusqu’à 10 tonnes par an, donc 50 à 60kg par jour pour les adultes. Autant dire qu’il y a largement de quoi faire !
Lorsque les vaches sont rentrées, on retrouve leur excréments en intérieur : les agriculteurs les récupèrent alors et le mélange à de la paille pour en faire du fumier, un engrais naturel.
Certains sites de vente de kit de culture propose des sacs de grains directement mélangés à de la bouse de vache. Ces sac de nutriments sont plus chers, mais pourront donner de beaux champignons hallucinogènes et sont déjà pré-stérilisés, donc faciles d’utilisation.
Comment s’en servir dans une culture ?
La bouse de vache n’est pas très utile si vous achetez un kit pré-fait, car il sera parfois déjà colonisé. En revanche, si vous faites votre propre culture, vous pourrez vous en servir. Certaines espèces de champignons les apprécient plus que d’autres.
Dans certains pays, comme les Etats-Unis, il est possible d’acheter de la bouse de vache en paquet (« cow manure »). Elle est pré-stérilisée et sans odeur, ce qui la rend très accessible et pratique pour tout types de culture. Elle est parfois enrichie en nutriments.
Si vous souhaitez en utiliser, il faut la stériliser puis l’ajouter à votre base nutritive (millet, riz…), qui sera colonisée par la suite. Vous pouvez aussi l’utiliser pour les cultures « outdoor », dans votre coin de jardin.
Bouse de vache et cueillette dans le milieu naturel
Comme expliqué, les vaches pâturent et relâche leur excréments dans des plaines et les prairies, ce qui permet aux champignons magiques de pousser. Néanmoins, il faut remplir également d’autres conditions afin que ces champignons hallucinogènes -souvent des Psilocybe semilanceata en France- se montrent : un temps plutôt frais et humide.
Ce sont de petits champignons Psilocybe : il faut donc être attentif lors de la cueillette pour ne pas marcher dessus. La plupart du temps, ils ne poussent pas sur l’excrément même, mais autour. Il faut aussi faire attention : tout les champignons qui poussent à côté de la bouse de vache ne sont pas forcément des champignons hallucinogènes.
Champignons hallucinogènes ou pas ?
Pour éviter de vous tromper, vous pouvez dans un premier temps comparer les photos que vous trouvez sur internet avec votre spécimen. Si vous avez un doute, vous pouvez demander sur un groupe ou une page spécialisée d’identification de champignons hallucinogènes. Publiez une photo et attendez l’avis des gens. Il existe aussi certaines applications qui peuvent aider à reconnaitre les champignons, comme iNaturalist, mais il faut rester prudent sur leur résultat.
Il est important de noter que les champignons hallucinogènes à psilocybine qui poussent près d’une bouse de vache dans les pâturages ont un téton sur leur chapeau : ce n’est pas une décoloration de ce dernier mais bel et bien une forme différente qui est formée sur le dessus. Ils sont gélatineux et foncés : la présence de ces trois traits permettent en général de les identifier et déliminer les autres espèces, qui ne sont pas des psilocybes et ne contiennent pas de psilocybine.
Quels champignons hallucinogènes peut-on trouver dans la bouse de vache ?
Comme évoqué précédemment, il existe plusieurs espèces de champignons en France qui provoquent des hallucinations qui peuvent être trouvés à côté des excréments. Bien qu’ayant des effets proches, les deux ne contiennent pas les mêmes substances actives.
L’Amanita Muscaria
Ce champignon est plus connu sous le nom d’Amanite Tue-Mouches. Il est vu dans l’imaginaire populaire comme un champignon rouge à points blancs, mais ses points peuvent disparaitre ou se déplacer.
Sa couleur vive en fait un champignon facile à repérer, d’autant que les spécimens sont en général plus grands que les champignons du genre Psilocybe. Il a un pied plus large et une collerette autour.
En France, on le trouve souvent dans les bois, surtout au pied des bouleaux. On peut cependant le voir dans une large partie du monde : il peut s’adapter à des climats froids, comme celui de la Sibérie, mais aussi à des climats plus chauds, comme celui du bassin méditerranéen par exemple.
On confond le plus souvent l’Amanite Tue-Mouches avec un autre champignon similaire, l’Amanita Caesarae. Ce dernier possède un chapeau plus proche du orange et n’a pas de points blancs. Il est aussi plus petit, avec des lamelles jaunes ou dorées et un fond de la même couleur. Il peut aussi être confondu avec l’Amanita Xanthocephala, qui est seulement présent en Australie.
Ces espèces de champignons sont connues pour être toxiques, mais l’ Amanita Muscaria provoque très rarement des décès, parfois une hospitalisation: c’est plutôt ses cousines, l’Amanite phalloïde, dites oronge verte, et l’amanite vireuse qui sont très dangereuses. La seule moitié d’un de ses chapeaux peut provoquer la mort.
La dose toxique, avec les premiers effets qui apparaissent, est estimée à environ un chapeau. La dose mortelle serait autour de la quinzaine de chapeaux de champignons. L’important écart entre la dose toxique et la dose mortelle explique que la majorité des gens qui en consomment n’en meurent pas. Néanmoins, chaque spécimen de ces espèces a une concentration différente, ce sont donc des estimations approximatives.
On retrouve dans l’Amanite Tue-Mouches la présence de l’acide iboténique et du muscimole. Ces deux susbtances sont considérées comme des drogues : une fois ingéré par la personne, l’acide iboténique se transforme en muscimole, qui agit sur les récepteurs GABA de notre cerveau.
Les effets et utilisations de l’ Amanita Muscaria
Cette interaction avec ces récepteurs crée les effets hallucinogènes, voire délirogènes : confusions, temps et espace déformés, hallucinations, troubles de l’humeur… Ces effets font partie de ce qu’on appelle le syndrome atropinique. Il comprend aussi des effets secondaires importants : malaise général, nausées voir vomissements, agitation, gestes désordonnés.
Le muscimole est particulièrement connu pour créer des pertes d’attention du réel -d’où son côté délirogène-, une anxiété ou une peur inexpliquée et un état proche de l’ivresse apportée avec l’alcool. Il augmente aussi les phases de sommeil profond : quelqu’un qui a consommé de l’ Amanita Muscaria sera plus difficile à réveiller par exemple.
Les effets de l’Amanita Muscaria restent plutôt imprévisibles et éloignés de ce qu’on peut connaitre avec d’autres psychédéliques comme le LSD ou les espèces Psilocybe, c’est pour cela que les gens ne le consomment pas et le voient comme toxique, il a donc peu de valeur à leur yeux et n’est pas très recherché.
Ce champignon a cependant été aussi utilisé à des fins culinaires dans différentes peuples, qui avaient appris à le détoxifier. Il existe plusieurs méthodes, mais une des plus connues consiste à le faire bouillir longtemps, en dès ou en lamelles, dans de l’eau, les toxines y étant solubles. Il est décrit comme n’ayant pas de goût spécial et sa consommation comme aliment reste marginal. Dans certains endroits du Japon, on le consomme mariné dans du vinaigre et salé, en accompagnement avec de la viande.
En Sibérie, il était aussi utilisé à des fins enthéogènes, pour des rituels. En Lituanie, il a pu être consommé lors d’évènements, comme des fêtes ou des mariages. Ils le mélangent avec de la vodka, elle aussi agissant sur les même récepteurs. Il produit des effets sédatifs mais aussi souvent hypnotiques. Ses consommateurs peuvent avoir des visions, d’où son lien avec la spiritualité.
Il a pu être utilisé en Europe en tant qu’insecticide car, comme son nom l’indique presque, il permet d’endormir les insectes, dont les mouches.
Le Psilocybe Semilanceata
Ce champignon fait partie des champignons des Psilocybes. C’est un genre qui comprend également les Cubensis, que l’on peut trouver en kit par exemple. Le P. Semilanceata est le champignon sauvage le plus répandu en France, mais dans d’autres pays, on peut retrouver le Psilocybe Azurescens ou le Psilocybe Cyanescens. Ce sont deux espèces de taille similaire qui poussent en général sur du bois, dans une forêt, près de touffes mais pas dans les champs.
A l’inverse, on trouvera plutôt le Semilanceata dans les plaines, les pâturages, les champs, les touffes d’herbes. Les amateurs le surnoment « psilo », par extension à « Psilocybe ». Ils sont plus souvent trouvés dans une région fraîche et humide, par exemple dans les Hautes Vosges, proche d’excrément en décomposition.
C’est un champignon sacrophyte : il obtient ses nutriments par la décomposition des matières organiques. C’est pour cela qu’on le trouve aussi souvent proche de racines en décomposition, dans des lieux humides.
Ce « psilo » est reconnaissable à sa petite taille et sa couleur sombre, tirant vers les marrons. Le pied de ces champignons est fin, brun. Leur chapeau est en forme de dôme, paré d’un bout de téton sur le dessus. Sa texture est plutôt gélatineuse et humide, du fait du climat dans les pâturages. Ils sont difficiles à trouver, ils peuvent donc avoir une certaine valeur.
Leur spores tirent vers le marron-violet ou le rouge profond et peuvent être observés au microscope. La forme de leur chapeau ne change au cours de leur vie et une sorte de gel peut être observé à leur surface si on les coupe en deux. Le chapeau renferme une vingtaine de lames plutôt serrées. La chair du champignon est fine et sombre ou grise, au même titre que le reste du champignon.
Lorsqu’ils sont endommagés ou manipulés, ils prennent une teinte bleue, qui tire vers le noir. Ce changement est dû à l’oxydation de la psilocine, une des substances psychotropes du champignon. Au contact de l’air, cela produit cet effet spécifique que l’ont peut retrouver chez tout les champignons contenant de la psilocine, dont les fameux Cubensis, que l’ont peut trouver sur les pages vendeuses de kit.
Son chapeau ressemble à celui du P . Mexicana, qui pousse dans les régions plus chaudes et humides et qu’on ne trouve pas en France. Ces derniers apprécient aussi les sols riches en fumier. On peut le confondre avec un Inocybe Geophylla, qui est plus clair, tirant plus vers le blanchâtre. Il ne contient pas de psilocybine, mais de la muscarine, aussi présente dans l’Amanite Tue-Mouches.
Les champignons Psilocybe Semilanceata peuvent ressembler à d’autres espèces qui sont elles toxiques, d’où la mise en garde. Le Psathyrella ou encore le Cortinarius Rubellus peuvent être confondus, mais poussent plutôt dans les bois. Il faut donc bien observer la photo de chaque spécimen sur les pages internet et faire passer le message.
En France, la cueillette et la détention de champignons hallucinogènes Psilocybes, même cueillis dans la nature et les champs français, sont interdits : à la clé, une amende de plusieurs milliers d’euros, car la psilocybine est considérée comme stupéfiant. Certains cueilleurs se sont déjà fait prendre mais les interpellations restent anecdotiques et les personnes font rarement l’ objets de peines lourdes.
Les effets et utilisations des champignons Psilocybe Semilanceata
Le P. Semilanceata a aussi fait ses preuves lors d’ études : il a été prouvé par les auteurs qu’une prise de ce champignon pouvait être efficace contre le staphylocoque doré résistant à un certain type d’antibiotique. Il pourrait donc avoir sa place dans le débat de la santé publique si cette publication venait à être plus connue.
Les champignons P. Semilanceata sont aussi plus forts que les P .Cubensis. Le Semilanceata séché comprend environ 1% de psilocybine et 0,3% de psilocine. C’est une des espèces les plus puissantes de Psilocybe, mais aussi les plus constantes dans leur niveau de concentration.
L’ingestion des champignons Psilocybe Semilanceata provoque les mêmes effets que les autres champignons contenant de la psilocibyne et de la psilocine, mais à des doses plus faibles, puisqu’il est plus concentré. Ces effets incluent un changement de la manière de pensée, des distorsions et hallucinations sensorielles, une saturation des couleurs, le ressenti de l’espace et du temps modifié. L’ effet de cette drogue est proche de celui du LSD, qui contient de l’ acide lysergique, qui n’est pas la même substance trouvée dans les champignons hallucinogènes Psilocybe.
Les effets secondaires des champignons sont aussi fréquents : nausées voir vomissements, maux de tête, désorientation, anxiété, pouvant entrainer un « bad trip », paranoïa. Afin de les limiter, il est conseillé de créer un environnement où le voyageur se sente en sécurité, entouré de personnes qu’il connait et en qui il a confiance.
Que ce soit pour les Semilanceata ou les autres psychédéliques, il est préférable de prendre une petite dose et d’augmenter progressivement, si cela convient au consommateur. Il faut éviter les endroits ou situations trop imprévues, qui pourraient causer des anxiétés soudaines. Un « trip-sitter » est recommandé, surtout si c’est une première pour la personne qui consomme les champignons ou si elle fait l’ objets d’anxiété. Cette personne -généralement sobre- pourra aider et accompagner le consommateur dans son voyage et le soutenir en cas de problème.
Pour les consommateurs plus aguerris et à la recherche de sensations fortes, le Semilanceata peut être consommé en « lemon tek », c’est à dire mélanger avec du jus de citron. Cette technique permet de métaboliser plus vite les substances actives : la montée est plus courte mais le voyage est aussi bien plus intense. Le jus de citron peut aider à réduire les nausées et les maux de ventre.
Autre excréments d’animaux
Ils sont souvent mis dans certains kits de culture. Les kits de Copelandia contiennent souvent de la bouse de cheval en partie. Les champignons Copelandia, de leur vrai nom Panaeolus Cyanescens, demandent des conditions de pousse légèrement différentes des champignons Psilocybe Cubensis. Ils requièrent une température un peu plus haute et un air plus humide. On conseille aussi en général de bien laisser pousser les champignons et de les récolter quand les spores sont lâchés, contrairement aux Cubensis.
Leur substrat est fait de fumier, donc d’un mélange entre de la paille et de la bouse de cheval : cela permet de reproduire leur environnement naturel. Le kit de champignons arrive chez le cultivateur, totalement colonisé, et lui permettra de récolter des champignons jusqu’à 5 fois plus puissants que les Cubensis. Le temps de fructification est généralement compris entre 5 et 7 jours. Ces champignons sont fins et longilignes. Le centre de leur chapeau se teinte de doré mais le reste est plutôt clair. De par leur puissance, il ne faut appliquer le même dosage qu’avec d’autres champignons, mais y aller petit à petit et tester en plusieurs fois.
Les champignons Psilocybe Semilanceata peuvent être trouvés dans les pâturages et ont un petit chapeau foncé avec un téton. Les Amanita Muscaria trouvent plutôt leur origine dans les bois de bouleau. Psilocybe, Amanite ou Panaeolus sont des champignons qui peuvent se servir de bouse de vache ou de cheval comme base nutritive pour grandir par la suite.
La bouse est parfois ajoutée à des kits pour des espèces spécifiques, mais elle peut aussi être utilisée pour les cultures faites maison, en intérieur ou en extérieur. Cela pourra permettre d’augmenter peut-être le rendement et de lui donner les nutriments nécessaires. Autant utiliser ce que la nature nous offre gratuitement !